Comment le ministère bricole le sort des documentalistes

Nous avons pu nous procurer le premier projet de circulaire sur « Déploiement numérique et politique documentaire des écoles et des établissements », d’avril dernier. Vous trouverez ci-après une comparaison entre les deux versions du texte, celui qui a circulé à l’intérieur du ministère, et celui qui a été remis aux syndicats.. Il est patent que dans on ne sait quelle hâte, le ministre a souhaité que l’on transforme une circulaire accompagnant « le plan numérique » en lettre de mission vite faite. Pour cette raison, pour ce mépris, les syndicats devraient rejeter le texte en bloc, à mon avis.

Ces circonstances expliquent « l’oubli » du livre dans le texte actuel. On verra aussi que le premier texte dissipe certaines ambiguïtés. Oui, le chef d’EPLE est le pilote de la politique documentaire. Le professeur documentaliste devient une sorte de communauty manager.  Il passe aussi du corps professoral à l’administration !

Le texte du 5 mai apparaît comme ça

Le texte du 4 avril comme ça

Et mes propres commentaires comme ça

Textes de référence
– circulaire n° 77-070 du 17 février 1977
– circulaire n° 79-174 du 9 mai 1979
– Circulaire n° 86-123 du 13 mars 1986 définissant les missions des « personnels exerçant dans les
CDI », BO n°12, 27 mars 1986.
– Loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 – Loi d’orientation sur l’éducation généralisant les CDI à tout établissement et création du Capes de documentation
– circulaire n° 2010-38 du 16-3-2010 MEN – DGESCO relative à la préparation de la rentrée 2010
(Cette circulaire abroge la circulaire n° 86-123 du 13 mars 1986 définissant les missions des
« personnels exerçant dans les CDI », BO n°12, 27 m ars 1986)

La dernière mention a été ajoutée.

Les transformations des modes d’accès à l’information, l’évolution des pratiques sociales en matière de communication, l’essor des environnements numériques de travail des élèves et des enseignants appellent un développement de la réflexion sur la documentation dans chaque établissement scolaire et l’instauration d’une dynamique documentaire renouvelée. Les réformes en cours dans l’enseignement secondaire, tout particulièrement celle du lycée, la rénovation de la voie professionnelle, la mise en place du socle commun de connaissances et de compétences nécessitent une pédagogie faisant davantage appel aux recherches personnelles des élèves. La mise en place d’une politique documentaire dans tout établissement est donc une nécessité pour qu’élèves et enseignants puissent disposer des meilleures conditions de formation. La culture de l’information qui implique la compétence de transformation de l’information en connaissance est un élément premier de toute politique documentaire.

Déploiement numérique et politique documentaire des écoles et des établissements

La dynamique de numérisation et le rappel de la nécessité d’une politique documentaire globale invite à construire l’évolution de l’information et de la documentation scolaire.

Les missions des professeurs-documentalistes, les rôles et les fonctions du centre de documentation et d’information et, plus généralement, la fonction documentaire au sein de l’établissement sont à définir à l’aune du développement rapide du numérique.

Dés le titre et le premier paragraphe , il est clair qu’il s’agit d’un texte analysant les conséquences pour les professeurs-documentalistes et le cdi du vaste « plan numérique » que le minisitre  avait annoncé en septembre pour janvier 2010,


puis en février pour  avril


On n’y fait pas encore allusion à la « société de l’information ». Ce sera le cas dans toute cette première version du document.

Politique documentaire de l’établissement scolaire

La politique documentaire est une occasion pour l’établissement scolaire d’exercer son autonomie. Elle doit désormais être un élément incontournable de tout projet d’établissement et de tout contrat d’objectifs.

Mettre en place une politique documentaire, c’est :
– analyser les besoins en matière d’information,
– arrêter une stratégie pour satisfaire les besoins en documentation dans l’établissement, en
tenant compte des moyens financiers et humains disponibles,
– définir les modalités de formation des élèves à la maîtrise de l’information,
– constituer des collections et développer l’accès aux ressources numériques incluant des
acquisitions et des désherbages,
– définir la performance du système documentaire, à partir d’indicateurs qui en permettent
l’évaluation,
– fixer des objectifs de réussite des élèves, au collège et au lycée, en vue de l’insertion
professionnelle ou de l’accès au cycle d’enseignement suivant.

Politique documentaire de l’établissement

La politique documentaire est l’occasion pour l’établissement d’exercer son autonomie.

Mettre en place une politique documentaire, c’est

–          définir les besoins des usagers en matière de ressources documentaires

–         tient compte des moyens financiers et humains (SIC)

–         constituer des collections incluant des acquisitions et des désherbages

–         créer de nouveaux besoins : lecture, recherche d’information…

–          définir l’accès aux ressources, réelles et virtuelles

–         définir la performance du système documentaire, à partir d’indicateurs qui permettent l’évaluation qui infléchira la politique documentaire

–         fixer des objectifs de réussite de réussite des élèves, dans le secondaire et en vue de l’accès au supérieur.

En un mois  le texte s’est modernisé ! La première version semble être un résumé d’un livre sur le sujet, datant de quelques années. Oublis étonnants dans cette version : la formation et les lycées professionnels ! Le rédacteur n’aurait pas été admissible au Capes de doc. La nouvelle version tient compte qu’en 6éme on ne prépare tout de suite l’élève à l’entrée en fac !

La politique documentaire est élaborée au sein du conseil pédagogique ; elle est soumise au conseil d’administration et arrêtée par le chef d’établissement. Il revient au professeur documentaliste d’assumer la mise en oeuvre de la politique documentaire en partenariat avec les autres membres de la communauté éducative et pédagogique sous l’autorité du chef d’établissement.

Compte tenu des évolutions des réseaux, les politiques documentaires des établissements scolaires gagneront à être concertées au niveau du bassin et sur le plan académique. Les nouvelles technologies et l’ensemble de leurs solutions logicielles pourront aider à la construction de réseaux.
Le lien avec le Scéren-CNDP sera favorisé. Quant au CDI de l’établissement, dans contexte d’accès généralisé au numérique, il gagnera à évoluer pour devenir un véritable lieu d’apprentissage (« learning centre »), tête de réseau d’un espace de culture, de documentation, d’information (ECDI).

Dans un établissement scolaire, il revient au documentaliste d’assumer cette tâche, et de s’appuyer sur cette analyse pour élaborer avec tous les membres de la communauté éducative une politique documentaire adaptée à ses besoins. [Information et documentation en milieu scolaire / groupe EVS de l’IGEN Guy Pouzard , janvier 2001]

La politique documentaire est validée par une autorité placée au-dessus de celui qui est chargé de la mettre en œuvre (conseil d’administration le plus généralement), marquant ainsi qu’un consensus s’établit autour de grands axes et qu’un projet peut être mis en place. [Les politiques documentaires des établissements scolaires par Jean-Louis DURPAIRE : Rapport de l’IGEN n° 2004-037 de Mai 2004 (Ministère de l’éducation nationale), p. 31]

Le chef d’établissement joue un rôle essentiel dans le pilotage de la politique documentaire de l’établissement.  La notion de politique documentaire doit désormais être un élément incontournable de tout projet d’établissement et même de tout contrat d’objectifs et de moyens.

Les nouvelles technologies et l’ensemble de leurs solutions logicielles pourront aider à la construction de réseaux. Le lien avec les CRDP et le SCEREN CNDP sera favorisé.

Le CDI doit donc évoluer pour devenir un véritable learning center.

Là, le rédacteur ne se foule pas : il cite directement ses sources. La nouvelle version tient du compte du fait que les conseils pédagogiques ont été mis en place, depuis le rapport Durpaire. Le « pilotage » du chef d’établissement enlevait toute initiative au professeur documentaliste, cette mention est supprimée. En revanche, c’est à lui que revient l’autorité que Durpaire situait dans le conseil d’administration. On remarquera que dans la nouvelle mouture, les allusions à la numérisation et au concept ultra libéral de « learning center » sont moins mis en exergue. On avait oublié l’équipe pédagogique ! C’est bien le signe que le rédacteur initial est un spécialiste des TIC, pas de l’enseignement.

Mission du professeur documentaliste

La mission du professeur documentaliste est pédagogique et éducative. Elle vise à promouvoir l’acquisition d’une culture de l’information, appuyée sur la maîtrise de méthodes et outils appropriés, sur le développement de l’envie d’apprendre et de la curiosité de l’élève et d’entrer dans un processus de formation tout au long de la vie. Le professeur documentaliste contribue donc à développer l’esprit critique face aux sources de connaissance et d’information en prenant en compte l’éducation aux médias et au droit de l’information et de la communication

Les missions du professeur documentaliste sont pédagogiques et éducatives. Elles visent à développer chez l’élève l’envie d’apprendre, à satisfaire sa curiosité et à développer son esprit critique face aux diverses sources de connaissance et d’information, en lui fournissant méthodes et outils. Le professeur documentaliste contribue à former à la maîtrise de l’information, en lien avec les autres professeurs, en référence aux programmes d’enseignement.

Dans la première version pas de « culture de l’information »  L’allusion aux « programmes d’enseignement, aux « liens avec les autres professeurs disparaît » .

Le professeur documentaliste contribue à la personnalisation du parcours de formation de l’élève. Durant la scolarité obligatoire, il contribue à l’acquisition progressive par les élèves des compétences du socle commun de connaissances et de compétences, notamment celles relatives aux TIC (compétence 4), aux compétences sociales et civiques (compétence 6) et à l’autonomie et l’initiative (compétence 7).

Durant la scolarité obligatoire, il s’attache particulièrement à l’acquisition des compétences retenues par le socle commun de connaissances et de compétences, notamment celles relatives aux TIC (capacités : s’informer, se documenter) et à l’autonomie et l’initiative (capacités : rechercher l’information utile, l’analyser, la trier, la hiérarchiser, l’organiser, la synthétiser).

Dans la version nouvelle première allusion à l’orientation. Et rajout de la compétence citoyenne, oubli malheureux.

Au lycée, l’accent est mis sur la préparation à l’enseignement supérieur.

Le professeur documentaliste est amené, au sein de l’équipe éducative, à participer à la mise en oeuvre des dispositifs de l’accompagnement personnalisé au lycée, destiné à favoriser la construction progressive du parcours de formation et d’orientation de l’élève.

Le professeur documentaliste doit savoir situer son action dans le cadre du projet d’établissement et proposer une politique documentaire au chef d’établissement. Il doit donc :

  • · mettre en oeuvre une politique documentaire dans l’environnement numérique de l’établissement ;
  • · permettre l’acquisition d’une culture de l’information et du numérique par tous les élèves ;
  • · mettre à disposition des ressources et d’organiser la diffusion de l’information utile au sein de l’établissement ;
  • · contribuer à l’ouverture de l’établissement sur son environnement éducatif, culturel et professionnel.

Le professeur-documentaliste doit savoir situer son action dans le cadre du projet d’établissement et, conformément à la circulaire 2006-051 du 27 mars 2006, proposer une politique documentaire aux instances de direction de l’établissement ; celle – ci ne se limite pas à la politique d’acquisition de l’établissement ; elle inclut la notion de projet pédagogique et éducatif faisant appel aux ressources documentaires, l’analyse des besoins en matière d’information, le système d’information documentaire, la formation des élèves à la maîtrise de l’information, l’ouverture de l’établissement sur l’environnement, l’apport du documentaliste à la politique en faveur de la lecture.

Au lycée, l’accent est mis sur le passage du métier d’élève à celui d’étudiant, à partir de la construction progressive des compétences d’autonomie, de méthode, de recherche et de traitement de l’information.

Le professeur-documentaliste doit donc être en mesure :

– de concevoir et mettre en œuvre une politique documentaire pour l’établissement ;

– de contribuer à former des élèves à la maîtrise de l’information ;

– de mettre à disposition des ressources et d’organiser la diffusion de l’information utile au sein de l’établissement ;

– de faciliter l’ouverture de l’établissement sur son environnement éducatif, culturel et professionnel.

Le professeur documentaliste est amené, au sein de l’équipe éducative, à participer à la mise en œuvre des dispositifs de l’accompagnement personnalisé au lycée, destiné à favoriser la construction progressive du parcours de formation et d’orientation de l’élève.

Comme l’ont fait remarquer plusieurs docs de terrain, la politique en faveur de la lecture est absente de la version nouvelle. Le paragraphe sur l’orientation est plus explicite dans la première version : le prof doc sera aussi un conseiller d’orientation.

Formation des acteurs

La formation des acteurs est un levier essentiel pour la mise en oeuvre d’une politique documentaire réussie. L’offre de formation mettra l’accent notamment sur les entrées suivantes

– organisation des tic dans l’ECDI et l’évolution des problématiques liées à la société de l’information et aux pratiques numériques ;

– formation à la culture de l’information ;

– circulation de l’information au CDI et dans l’EPLE ;

– professeur documentaliste et politique documentaire ;

– professeur documentaliste et l’orientation ;

– analyse de pratiques pédagogiques ;

– analyse des pratiques de gestion d’un centre de documentation ;

– veille informationnelle.

En parallèle, sur un terme plus long, le développement d’une offre de formation en ligne grâce au dispositif Pairform@nce (http://www.pairformance.education.fr/) pourra proposer des parcours de formation et de culture de l’information

Formation des acteurs

La formation des acteurs est un levier essentiel pour la mise en œuvre d’une politique documentaire réussie. L’offre nationale et académique de formation mettra l’accent notamment sur les entrées suivantes

–         organisation des tice au cdi

–         formation documentaire à l’école, au collège, au lycée GT, au lycée professionnel

–         circulation de l’information au CDI et dans l’EPLE

–         professeur documentaliste et politique documentaire

–         orientation et professeur documentaliste

–         analyse de ses pratiques pédagogiques

–         analyse de ses pratiques de gestion

En parallèle, sur un terme plus long, le développement d’une offre de formation en ligne grâce au dispositif Pairform@nce (http://www.pairformance.education.fr/) pourra proposer à l’ensemble des enseignants des parcours de formation et de culture de l’information

Le e (comme « appliquées à l’éducation ») de Tice disparaît le documentaliste sera-il complètement déconnecté des disciplines académiques. La veille informationnelle apparaît.

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