Ma chère A.,
Eric m’a appelé pour me dire qu’une famille de 9 personnes dont trois fillettes dormaient depuis hier soir dans une Kangoo. Je voulais te parler de cette famille-là, du chemin de croix parcouru par ces gamines sœur de denisa, tuée par ce chauffard ivre en plein aprés midi qui ne savait pas s’il avait renversé un animal ou un humain. Je voulais ainsi répondre à ta belle sollicitude pour cette jeune maman qui mendie chaque jour devant le Merveilleux de Wazemmes, atendnt quelques miettes des bons gateaux que nous achetons là.
Puis j’ai lu un mail de Marie Noelle, qui m’apprend que cinq familles viennent d’être expulsées par des CRS en tenue robocop et qu’elles ne savaient pas où dormir cette nuit. Deux cents personnes dont les deux tiers des enfants, vont être expulsées d’un jour à l’autre sans relogement du chemin Napoléon à Hellemmes.
600 réfugiés, dont de nombreux Syriens, de ceux à qui « la gauche » manifeste son empathie quand ils se font gazer, violer, torturer, ont été expulsés mercredi matin à Calais avec une violence extrême, des femmes de 70 ans ont été trainées par des brutes en uniformes. Les flics ont ramené quelque deux cents réfugiés à Lille sous pretexte de contrôle, d’autre ont été déposé au bord de l’autoroute en Picardie. Le soir nous étions devant le commissariat de Lille-sud, Interluttants et CSP59 mélès, nous criions « Libérerz les réfugiés, gardez Sarko. » Ca a fait sourire me les flics. Et nous sommes repartis. La police laissait partir les réfugiés en petits groupes de maigres silhouettes en sportwear démodé caritatif, courbés sous des gros sacs. Ils nous demandaient le chemin pour retourner à Calais. A pied.
Pendant cce temps là, Hollande se demande où aller faire la guerre, l’UMP se cherche un nouveau maître qui , à défaut d’être honnête, ait déjà purgé sa peine. Des immeubles de bureaux se construisent et parfois se remplissent. La France gagne, gage, gagne, perd. La France ? Le pays des Droits de l’homme ? « Euh me dit Fred, des droits de l’homme je sais pas, mais du beau football, c’est sûr. »
On me crois parfois cynique, parce que je me ne respecte ni drapeau, ni parti, ni dieu ni chef : du coup on me dit que je ne respecte rien. Au contraire comme Diogéne je respecte tous les humains quels qu’ils soient. Je m’agenouille devant un enfant qui pleure, et je cède la préséance à toute personne qui est plus pauvre que moi. Je n’ai pas de haine pour ceux qui sont responsables de ces larmes et de cette pauvreté mais je cherche en eux, comme Diogéne avec sa lampe, ce qui reste d’humanité. Et je les plains de vivre ainsi ballonnés d’ambitions sordides et de fausses certitudes, à passer des années sans apercevoir leurs âmes, comme Jean-Pierre qui se désole que son ventre à bière l’empêche depuis longtemps de voir sa bistouquette. Il est toujours possible de refuser des ordres abjects, on perd son travail, mais on gagne de la vie.
Eric et Marie-Noelle dont je parlais au début font aprtie de la poignée d’individus qui consacrent tout leur temps libre à aider les Roms, et surtout à aider les Français à sauver leur dignité d’hommes. Ils sont guère plus nombreux auprès des sans papiers, un peu plus mais pas assez encore avec les réfugiés et les migrants. Is sont des raisons d’espèrer. Et ils sont fatigués, vidés, calcinés, par la stupidité de ces expulsions inutiles uniquement destinées à faire oublier aux Syriens, aux Roumains ou aux Maliens, l’image d’un pays qui a inventé les droits de l’homme et les respecte encore. Un jour dans la devise française on rempalcera « Fraternité » par « pour les Blancs seulement », on enlèvera le rouge et le bleu du drapeau et ce sera plus clair.
Nous sommes devenus un peuple d’auistes connectés, qui s’échangent les blagues et les idées des autres. Libération nous apprend que les solitaires sont de plus en plus nombreux. Mais seuls. Des parents virent leurs enfants s’ils ne trouvent pas de travail, des femmes larguent leur compagnon s’il tombe en chômage, des enfants refusent de payer pour la fin de vie de leurs parents. Nous avons de plus en plus de mal à apercevoir nos âmes ; nous sommes en surpoids et consommons trop d’antidépresseurs. Les Roms et les réfugiés des jungles de Calais viennent nous offrir la possibiité de redevenir cools, un jour on les remerciera pour ça. Comme je te l’ai dit une fois, je pense que l’on est jamais déçu lorsqu’on demande aux humains de donner le meileur d’eux mêmes. Sans doute que les mamans roumaines ne trouvent pas les mots pour nous le demander.
Tu ne m’a jamais décu parce que je n’ai rien attendu de toi . Sache qu’il y a cette seamine quelques rendez vous où il serait élégant de se rendre.
Demain mardi au café le Pol’art 135 rue des Postes à Lille Métro Wazemmes à 17h : réunion de convergence des soutiens aux Roms de Lille et aux réfugiés de Calais.
Mercredi à 18 h rassemblement de soutien aux familles du chemin Napoléon à Hellemmes ( métro Lezennes)
Samedi 12 juillet à 14 h : manifestation de soutien à Caais ( covoiturage de Lille)
Je ne t’y attendrai pas, au risque d’être surpris.
Je te promets que dans ma prochaine ettre je te parlerai moins d emoi, et davantage de toi. Je me rends compte que dans le feu de l’action, j’ai oublié de te parler de mon amour pour toi. Mais peut être n’ai je parler que de cela ?
(…)
Jean-François
PS : Voici un communiqué de Terre d’errance
Les nouvelles ne sont pas bonnes:
A Calais, les 600 personnes migrantes qui s’étaient réfugiées sur le lieu de distribution des repas après la destruction de leur abris en ont été expulsées mercredi dernier, donnant lieu à des arrestations au faciès, parfois violentes et à une véritable traque au migrant dans les rues de la ville.
La majorité des migrants arrêtés ont été emmenés dans différents commissariat ou centres de rétentions du nord de la France.
Ces exilés viennent de pays en guerre ou sous dictature et la France ne peut pas les y renvoyer (Érythrée, Soudan, Syrie, Iran, Afghanistan,…).
Dès le mercredi soir, une cinquantaine de personnes est revenue à Calais.
Peu à peu, les gens reviennent à ce lieu de passage, d’autant plus déterminées à quitter notre pays qu’elles y sont maltraitées. Et les besoins sont énormes, toutes les tentes, bâches et couvertures ayant été détruites.
A Steenvoorde, où les exilés s’abritent sur deux terrains: le maire ne veut plus mettre à disposition le terrain municipal et avec la sous-préfet, il a fait pression sur le propriétaire du second terrain pour qu’il en demande l’expulsion, ce qui est fait.
Ces situations auront évidemment des répercussions sur le camp de Norrent-Fontes où les migrants de passage sont sont déjà très nombreux et en viennent à refuser celles et ceux qui viennent de Calais en pensant y trouver refuge…
Vous trouverez ci-joint un communiqué de presse et appel à manifester ce
SAMEDI 12 JUILLET À 14H, PLACE D’ARMES, À CALAIS.
Venez manifester avec nous pour montrer votre solidarité avec les personnes migrantes et votre opposition aux violences policières de plus en plus fréquentes dans le calaisis !
Plusieurs co-voiturages s’organisent un peu partout dans la région (Lille/Arras/Béthune/Lillers/Dunkerque).
A Béthune et à Lillers, les rendez-vous sont donnés à 13h, aux entrées de l’autoroute A26.
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à nous téléphoner : 06.95.28.29.43.
Enfin, nous nous permettons de rappeler qu’à Norrent-Fontes, nous avons besoin de chauffeurs les vendredi après-midi, pour conduire les exilés aux douches !
Merci et à bientôt,
Pour Terre d’Errance,
Nan Suel
06.95.28.29.43.
terrederrance@mon-asso.org
http://terreerrance.wordpress.com/
https://www.facebook.com/terrederrance
Un exemple de mail que l’on reçoit sur la liste de soutiens des Roms
« Bonjour
Je lance un appel pour venir en aide à la famille.
Certes ils se sentent en sécurité au Fort de Mons. Toutefois, ils ont une fois de plus tout perdu dans cet exode.
Ils sont toutefois extrêmement à l’étroit dans une minuscule cabane.
Ils ont besoin, en priorité de vêtements pour les enfants (7 enfants de 1 ou 2 ans à 13 ans)
également de couvertures (j’en ai donné 2)
de palettes (utilisées comme sommiers, pour le moment les matelas sont sur le sol) – En principe je peux en avoir, mais probablement pas avant demain ou jeudi.
Ils aimeraient également sauver leur caravane encore actuellement sur le camp de la rue de Lille. Arthur : y a t’il encore possibilité de stocker cette caravane à St André ?)
Ils ont besoin de présence et de parler, à transmettre donc en priorité aux bénévoles qui sont déjà présents sur le camp.
Je continuerai bien sûr à aller les voir régulièrement, mais là, j’ai besoin d’aide et de soutien pour cette famille encore fortement traumatisée et perturbée par l’accident et le décès de Denisa. »