. Je reproduis deux communiqués de Union syndicale Solidaires 59-62 (qui regroupe notamment les syndicats SUD.) concernant la situation à la Bourse du travail où une centaine de Roms sont hébergés depuis 41 jours. Et je fais deux mots de commentaires à la fin.
Communiqué 1
Menace de mort sur un militant SUD Etudiant-tes LILLE,
Stop aux agressions Fascistes !
Un jeune camarade de SUD ETUDIANTS Lille a reçu cette semaine, à son domicile, dans sa boîte aux lettres, une lettre anonyme contenant des menaces de mort.
L’union syndicale SOLIDAIRES 59/62 prend très au sérieux cette nouvelle provocation fasciste. En effet ce jeune camarade a déjà fait l’objet de violences fascistes le 26 mars 2012, qui ont donné lieu à une main courante à l’époque.
De plus, les caves de la bourse du travail ont été marquées de 2 croix gammées, la nuit du 2 au 3 décembre 2013.
Ce courrier, s’inscrit dans le climat actuel de déchaînement raciste et xénophobe, comme rarement le pays a pu en connaitre, de haine anti-rom, alors que 110 Roms sont actuellement accueillis à la bourse du travail de Lille.
L’union syndicale Solidaires constate que ce document, marqué d’insigne nazi d’une part et d’autre part du bloc identitaire, s’inscrit dans la filiation d’Unité Radicale et de la plus obscurantiste tradition fasciste.
Cette obsession néonazie a abouti récemment à l’assassinat de notre camarade Clément Méric. C’est le sort de Clément Meric qui est promis à notre Camarade de SUD Etudiant.
L’union syndicale Solidaires soutiendra sans faillir ses militants contre les menaces fascistes et a chargé Maitres Anne Charlotte LEGROIS et Stephane DUCROC, avocats, de diligenter une plainte.
L’Union Syndicale SOLIDAIRES appelle l’ensemble des syndicats, les organisations démocratiques et antifascistes à s’opposer avec la dernière des énergies aux idées et aux menaces fascistes qui se développent dans le pays.
Elle invite à ce titre à une réunion unitaire dans les locaux de l’Union Syndicale SOLIDAIRES de la Bourse du Travail, 174, Bd de l’Usine, ce Lundi 9 décembre à 18 h.
Pour L’Union Syndicale SOLIDAIRES 59/62
NIEDDU Vladimir 06 03 40 30 79
Communiqué 2
Le Préfet du Nord, les Elus, les ministres
sont coupables de prise d’otage sur l’action syndicale
Ça suffit !
Nous avons été informés du déblocage d’1,7 millions d’€ par le ministère du Logement. Apres le déblocage de ces fonds, élus, ministres et préfet continuent à jouer la montre !
Pis encore le Maire de Saint André Olivier Henno (droite), la Vice-Présidente du Conseil Général Mme Saniek-Wavrant (PS) ont repoussé de façon virulente les propositions des syndicats, notamment l’utilisation du site d’Ulysse Trélat que le Préfet se refuse à réquisitionner.
Depuis 15 jours des discussions entre syndicats et la Direction Départementale de la Cohésion Sociale du Nord ont permis d’identifier de nombreuses pistes de solutions pour les Roms accueillis à la Bourse du Travail hors de la Métropole Lilloise, (compte tenu de la ferme opposition de Martine Aubry et du PS Lillois).
La situation est toujours bloquée.
Coqueluche, Varicelle, Hépatite, Cancer à la bourse du travail : élus, ministres et préfet prennent la lourde responsabilité d’une catastrophe sanitaire.
C’est à une situation catastrophique que sont confrontés – dans un abandon total, absolu, des pouvoirs publics – les nourrissons, les enfants, les familles Roms, les militants syndicaux, les volontaires. Alors qu’il est totalement impossible d’isoler les personnes victimes d’hépatite, de varicelle et de coqueluche, sciemment les pouvoirs publics prennent le risque du développement d’une grave épidémie.
Les ministres silencieux, les élus locaux rétifs voir opposés, un préfet paralysé..
Il est inconcevable que Cécile Duflot n’exige pas des comptes sur les fonds qu’elle a débloqués, que les 5 autres ministres Vincent PEILLON, Marisol TOURAINE, Manuel VALLS, Michel SAPIN, George PAU-LANGEVIN, Marie-Arlette CARLOTTI signataires de la circulaire du 26 Août 2012 se soucient comme d’une guigne des textes rédigés et qu’ils ont eux-mêmes édictés, malgré une interpellation de l’UD CGT, de La FSU et de l’Union Syndicale SOLIDAIRES.
La responsabilité des Elus, des Ministres et du Préfet sera grande en cas d’incident grave, ils ne pourront pas dire : « je ne savais pas ! »
Pour L’Union Syndicale SOLIDAIRES 59/62
NIEDDU Vladimir 06 03 40 30 79
Mon commentaire
Concernant le premier communiqué : il faut se rappeler qu’un membre de Solidaires Etudiant, Cément Méric, a été assassiné par des skins fascistes, il y a quelque mois. On comprend l’émotion de nos jeunes camarades lillois. Les menaces dans la boîte à lettre veulent surtout signifier » on sait où tu habites, et le soir où l’on sera assez bourrés pour oublier notre lâcheté, on viendra te voir ».
Concernant le second, il est dommage qu’il ne soit pas signé de l’intersyndicale SUD-CGT-FSU. Dans les milieux syndicaux lillois, ce n’est pas un mystère que certains militants CGT, manifestent un certain ras le bol par rapport à la présence des Roms à la Bourse du travail.
Les syndicalistes de SUD ont été manifestement informés par des gens d’EELV pas rancuniers (l’intersyndicale avait accusé les Verts de les avoir lâchés dans un interview à la Voix du Nord). Jeudi dernier Cécile Duflot a rencontré Majdouline Sbaï, vice présidente EELV du Conseil régionale et lui a raconté qu’elle avait tenté de réquisitionner l’HP désaffecté Ulysse Trélat, mais avait du y renoncer à cause des pressions politiques. Une couleuvre de plus à avaler pour les Verts gouvernementaux.
Sinon, concernant l’enveloppe supplémentaire pour l’hébergement d’urgence de 1,7 millions d’euros; il est impossible en France d’ethniciser une mesure quelle qu’elle soit. C’est regrettable parce que cela interdit la discrimination positive tel qu’elle est pratiquée entre autres aux USA. Mais Mme Duflot ne peut absolument pas exiger que cet argent soit consacré exclusivement à loger des Roms. De surcroit ce ne serait pas forcément très habile politiquement de proclamer que l’on consacre 1,7 millions pour loger 100 Roms, soit 17 000 euros par personne !
Un hébergement inadapté aux Roms
Plus sérieusement l’hébergement d’urgence conçu pour les SDF « classiques » (hommes, seuls, nécessitant un encadrement social parce que malade alcooliques, toxicomanes, psychotiques…) n’est pas adapté aux Roms : familles nombreuses, en parfaite santé psychique, sans addiction. Il y a bien sûr des exceptions, n’importe qui eut se retrouver SDF quelques temps, et il y a quelques alcooliques ou malades mentaux parmi les Roms que je connais. Mais en gros le problème est là. Les familles roms ne veulent pas se séparer pour être hébergées.
En moyenne dans un CHRS (centre d’hébergement et de réinsertion sociale, ça fout les jetons !) un SDF au RSA paie 420 euros de loyer (APL + 30 % des revenus) pour une chambre de 12 m2 avec toilette et douches sur le palier. Le tout dans un quartier pourri où les chambres dans le privé, se trouvent à bien moins cher. De surcroît, cette participation n’est qu’une goutte d’eau dans le budget d’un CHRS, abondamment subventionné pour payer des éducateurs et des bureaucrates. J’ai l’intuition, mais il faudrait le vérifier, que l’on a déplacé vers l’hébergement d’urgence, une partie des sommes dont a privé les hôpitaux psychiatriques, les centres de désintoxication et de post cure etc… Un éducateur coute moins cher qu’un médecin. Et du coup, tox et ivrognes ne sont plus soignés, mais ils ne trainent plus dans les rues la nuit. Les Roms n’ont pas besoin de cet appareil de surveillance et de contrainte. Ils sont juste des migrants, suffisamment autonomes pour venir en France chercher du travail et la fin des persécutions, comme les pères pèlerins américains, genre.
On comprend, néanmoins que Cécile Duflot, sous l’influence de sa base qui soutient les Roms, essaie d’agir avec ce qu’elle a : les fonds d’hébergement d’urgence. Cependant ( je suis le meilleur sur les adverbes de transition) la solution passerait par une décision au niveau du Premier Ministre. Il faudrait décider d’un financement spécifique pour l’hébergement des quelques milliers de Roms en bidonvilles, tentes et caravanes. Il faudrait aussi sans doute (ré) inventer un logement très social adapté à des familles nombreuses, habitués à vivre à proximité de deux ou trois autres familles apparentées., et qui ont besoin d’un espace de stockage temporaire pour la ferraille qu’elles récupèrent. Dans le Nord, les courées qu’on a beaucoup détruites au nom de l’insalubrité, feraient l’affaire.