Euratechnologie est, aux portes de Lille, l’un de symboles d’une volonté acharnée de l’équipe municipale : panser les plaies née de la mondialisation. On se souvient que lorsque les Européens croyaient encore pouvoir sauver quelques meubles, ils sacrifièrent leurs industries manœuvrières, telles que leur textile, en pensant mieux exporter leurs industries à valeur ajoutée (ce qui, en langage de financier, veut dire qu’elles rapportent beaucoup en créant peu d’emploi, comme quoi les financiers ont compris la théorie marxiste de la valeur.) Dans la région de la Lainière de Roubaix, on imagine que les négociations uruguayennes ont causé beaucoup de chômage et d’usines fermées. Les politiques, alors se sont dit ; il faut trouver un emploi… pour ces usines. Ca semble peu croyable mais c’est ainsi. Bien sûr, en remettant de l’activité dans les anciennes usines, leur intention principale est de créer des emplois, mais ceux-ci sont trop qualifiés pour les anciennes ouvrières de chez DMC (à Loos) ou réservés aux jeunes.
Toujours est-il que Pierre Mauroy puis Martine Aubry ont quelques réussites à leurs actifs. On n’imagine pas comme il est compliqué pour un maire de requalifier une friche industrielle, le nombre d’autorisations à obtenir, et tous ces gens à qui il faut gratter de l’argent, l’Europe, l’Etat, les collectivités territoriales. Et ensuite il faut convaincre les chefs d’entreprise de venir louer des plateaux… Lille a réussi ainsi Eurasanté, Euratechnologie, et Oxylane, où Décathlon a relocalisé une partie de la fabrication de vélo autrefois asiatique. C’est Pierre de Saintignon, qui connait bien le monde de l’entreprise pour avoir était directeur de l’insertion chez Darty qui s’occupe de ce type de dossier à la mairie de Lille. Il est normal qu’il préside le mardi 4 octobre, une réunion destinée aux chefs d’entreprise à Euratechnologie.
La droite veut enrichir sa clientèle
Une bonne centaine de personne étaient présentes, mais il est difficile de savoir combien n’étaient pas des militants martinistes venus soutenir leurs chefs. Les discours tenus par les responsables socialistes étaient adaptés à une assistance de décideurs, sans tomber dans les ex-pièges de la surenchère libérale. Akim Oural, maire PS du quartier a accueilli ses invités en plaçant la réunion dans le cadre de la campagne des primaires. (La droite) « veut enrichir sa clientèle, nous voulons enrichir la France, et c’est au cœur du projet de Martine Aubry » a dit Patrick Kanner, président du Département du Nord, un des rares Mauroyiste qui ne soit pas Hollandiste. Dans la salle, un universitaire s’est écrié « C’est dans l’innovation que réside la valeur, et l’espoir des améliorations des conditions sociales. Martine Aubry promet un effort sur la recherche et c’est un bon signe » Un chef d’entreprise innovante s’inquiète « Beaucoup de choses ont été crées en France ou en Europe et développé aux States ; Internet, le GPS. Il faut aider au transfert entre la recherche et l’entreprise. « On pourrait rétorquer que pour le téléphone portable, c’est le contraire : inventé par Motorola, et lancé par Nokia, C’est plus une question de flair de dirigeants que de fonds publics. Un chef d’entreprise œuvrant dans la santé voudrait plus de coopération entre public et privé dans ce domaine ( Ok de Saintignon) . Jean-Yves Vasseur, président départemental des Restos du Cœur s’inquiète de la précarité qui s’aggrave, et un jeune de l’emploi des jeunes.
Patrick Kanner tacle Sarkozy « Il avait promis « la pauvreté diminuera d’un tiers pendant mon mandat » elle a augmenté de 25 % ». Il renvoie le ministre du Logement récemmment Apparu à la télé, dans les cordes « il nous dit que le logement social a augmenté, certes, mais moins que l’augmentation de la population, le problème s’aggrave ». Autre exemple, le lendemain il devait répondre à une interview de Marianne sur la démutualisation : les salariés sont de plus en plus nombreux à quitter leur mutuelle de santé, parce qu’ils ne peuvent plus la payer. L’augmentation de 5 % en janvier prochain, due à une nouvelle taxe va accélérer les choses. Pour M. Kanner, Sarkozy, cyniquement joue sur deux tableaux ; il espère que les classes populaires, désespérées n’iront pas voter, ou fasse gonfler le score du Front National, un second tour à la 2002 c’est son seul espoir de vaincre.
Pierre de Saintignon, premier adjoint de martine Aubry à la mairie de Lille, premier vice-président du Conseil régional, rappelle ensuite les trois priorités de « Martine » ; l’emploi, l’éducation et la sécurité. Il rappelle le projet socialiste d’une banque nationale d’investissement pour investir dans les Pme. Il signale que pour les jeunes, les socialistes créeront l’allocation d’autonomie, qui permettra aux étudiants d’étudier sans devoir travailler. Et ils relanceront 300 000 emplois jeunes sous le nom d’emplois d’avenir. « Existe–t-il quelque chose de plus important que de tracer un avenir pour la jeunesse ? Si on répond oui on doit abandonner toute activité politique ou syndicale ! C’est la question fondamentale qui se pose à la République à l’heure actuelle. »
Sur le numérique il rappelle la phrase de Martine Aubry « Le meilleur du numérique est ce qui développe l’autonomie et la créativité. » Il faut donc supprimer Hadopi. La Cnil deviendra commission nationale pour les libertés informatique, le contraire de ce qu’elle est actuellement.
Dans la salle un directeur de centre d’insertion raconte qu’il a pu amener une vingtaine de jeune Tourquennois dans un campus américain, au frais du clan Aubry (Communauté urbaine, Conseil régional) Il aimerait voir au pouvoir national les mêmes.
Intermède comique avec le successeur local de Coluche qui se plaint que Montebourg aie traité Aubry d’enfant de Delors. Saintignon confirme la paternité, et s’attarde avec un peu de complaisance sur ces week-end dans la famille Delors.
Mais il conclut en demandant que l’on cesse de choisir entre justice sociale et innovation technologique ; beaucoup rêve d’allier des deux. Gageons qu’un jour la France en rêvera aussi !