SEAN CHABOT , Eastern Washington University, STELLAN Vinthagen Université de Göteborg
[cette traduction automatique non officielle n’est destinée qu’à inciter le public francophone à faire l’effort de lire l’article original en anglais. ]
La synthèse émergente entre les travaux sur l’action non-violente et ceux sur la politique contestataire a donné des informations importantes. Pourtant elle reproduit aussi la dichotomie entre politique et culture qui continue à hanter les deux champs. La poursuite des travaux récents de Jean-Pierre Reed et John Foran, et notre contribution introduit les concepts de cultures politiques d’opposition non-violente pour forger une nouvelle synthèse, qui reconnaît l’aspect politique de la culture non-violente et l’aspect culturel de la culture de la politique non-violente. Nous appliquons notre cadre théorique à deux cas empiriques, le mouvement d’indépendance en Inde et le Mouvement des travailleurs sans terre au Brésil (connu sous le nom de Movimento sem Terra ou MST ), et conclure par des idées pour d’autres recherches sur les cultures politiques d’opposition non-violente.
INTRODUCTION
Alors que les mouvements sociaux pacifiques continuent d’exercer une influence puissante sur les gouvernements et sociétés dans le monde entier, les chercheurs qui travaillent sur l’action non-violente et les politiques contestataires se rendent compte de plus en plus qu’ils ont beaucoup à apprendre les uns des autres. Informé par les précédentes tentatives de synthèse, Unarmed Insurrections de Kurt Schock (2005) innove en fusionnant l’action non-violente et études des politique contestataire. Alors que la fertilisation croisée a commencé au cours des années 1990 (Sommer 2000, McAdam et Tarrow 2000, Zunes, Kurtz et Beth 1999, Ackerman et Kruegler 1994, McCarthy et Kruegler 1993), Schock est le premier à développer un cadre théorique complet fondé sur des constats et des débats-clés dans les deux domaines. Le but de notre contribution à ce volume est d’étendre – et où c’est nécessaire de réviser – le travail de Schock, et d’appliquer notre propre approche au mouvement indépendantiste indien et au Mouvement contemporain des Travailleurs sans terre au Brésil (Movimento Sem Terra ou MST). Bien que nous apprécions la clarté d’analyse et l’applicabilité empirique de Insurrections sans armes, nous pensons aussi qu’il reproduit certains trous noirs des travaux sur l’action non-violente et de ceux sur la politique contestataire. À notre avis, les deux domaines de recherche ont tendance à se fonder sur la dichotomies entre politique et culture, qui restreint l’exploration des intersections entre ces domaines.
A la suite de la perspective de Gene Sharp, le pionnier incontesté dans le domaine, les chercheurs sur l’action non-violente fondent généralement leurs théories sur les distinctions scientifiques et sociales entre choix rationnel et comportement éthique, entre explications objectives et interprétations subjectives, et particulièrement entre intérêts stratégiques et valeurs morales. The Politics of non-violent Action de Sharp (La politique de l’action non-violente), par exemple, expose à titre liminaire qu’il se concentrera sur l’action non-violente comme une technique politique plutôt qu’une manière culturelle de vivre:
«les relations entre la technique et les problèmes éthiques, et entre les systèmes de croyance incitant à un comportement non-violent et la technique, sont pour la plupart pas discutés ici »(Sharp 1973, voir aussi Sharp 1990: 2).
Ses successeurs adoptent généralement les mêmes point de vue théorique, le traitement « pragmatique » et le principe de l’action non-violente comme un ensemble de techniques de protestation distinctes, et la politique et la culture comme deux domaines distincts (Schock 2005: 36-37; Burrowes 1996: 100). Ces binarités conduisent les chercheurs à sous-estimer la culture de la politique non-violente, la politique de la culture non-violente, et les liens entre eux.
Bien qu’ils accordent plus d’attention maintenant aux processus culturels que par le passé, les éminents spécialistes des politique contestataire continuent de construire leurs arguments sur des oppositions catégoriques,traitant la culture en tant que médiateur entre institutions politiques et action collective (Williams 1977: 99). Prenons, par exemple, les dernières dynamique du modèle de contention mis au point par Doug McAdam,un des chercheurs les plus influents de ce champ. Il attribue plus d’importance aux mécanismes culturels tels formation d’identité et fabrication de sens que l’ancien modèle de processus politique de McAdam (1982), mais les conçoit encore comme mettant en place le décor pour l’action politique organisée et la réforme gouvernementale – non en tant qu’objets politiquement significatifs par eux mêmes ( Goodwin et Jasper 2004: 211). Nous reconnaissons que politique et culture ne doivent pas être confondus, nous suggérons que ceux qui étudient la politique contestataire devraient accorder plus d’attention à l’interaction entre ces sphères de vie sociale.
Nous ne sommes pas seuls à soulever cette question théorique cruciale. Particulièrement dans le domaine de politique controversée, les chercheurs sont de plus en plus nombreux à contester le biais structuraliste de personnalités comme McAdam et ses collaborateurs Charles Tilly et Sidney Tarrow, les mettant au défi de prendre le lien entre politique et culture plus au sérieux (McAdam, Tarrow et Tilly 2001). Dans Rethinking social movements ( repenser les mouvements sociaux) ,par exemple, Jeff Goodwin et James Jasper (2004) lancent un débat sur le modèle de médiation de la culture et incluent des déclarations importantes des deux côtés du débat (voir aussi VJ Reed, 2005, Duncombe 2002, Mansbridge et Morris 2001 ; Buechler 1999, Alvarez, Dagnino et Escobar 1998). Mais alors que l’importance de leur collecte confirme que le champ est en pleine mutation, ils ne proposent pas une alternative concrète au cadre théorique privilégié par des chercheurs comme McAdam, Tarrow et Tilly. À notre avis, les travaux récents les plus prometteurs à cet égard proviennent de Jean-Pierre Reed et John Foran (2002), qui proposent le nouveau concept de « cultures politiques d’opposition » comme un moyen d’explorer le terrain fertile entre politique et culture. En tant que spécialistes de la sociologie des révolution, Reed et Foran sont en marge du champ de la politique contestataire, mais nous pensons que leur concept nous permet de repenser les liens avec les études sur l’action non-violente, particulièrement dans les cas du mouvement d’indépendance de l’Inde et du MST au Brésil.
La section suivante présente un nouveau concept pour l’étude de l’action non-violente et de la politique contestataire, « cultures politiques d’opposition non-violente, » sur la base des efforts théoriques de Reed et Foran. Ce concept permet une nouvelle synthèse qui se déplace au delà des dichotomies actuelles politique/culture et repose sur une vision alternative du pouvoir. La troisième section porte les quatre éléments qui façonnent cultures politiques d’opposition non-violente, expériences émotionnelle, idiomes culturels, idéologies et structures organisationnelles- dans le mouvement indépendantiste indien dirigé par Gandhi et le MST, en cours au Brésil. Il suggère que certains mouvements sociaux non-violents doivent être considérés comme à la fois pragmatiques et fondés sur des principes,à la fois politiques et culturels, plutôt que l’un ou l’autre. Pour conclure, nous montrons comment les éléments discutés dans la section précédente croisent et se connectent avec les cultures politiques spécifiques de l’opposition non-violente, et suggèrent plusieurs domaines de recherche.