Roms, la précarité visible

Salubrité
Mercredi matin deux familles devaient  être expulsées du terrain où elle s’étaient installées dans des cabanes de fortune,boulevard de Tournai. Aucune solution d’hébergement ne leur a signifié lundi soir. Ces familles, selon un de leurs amis français, sont les seules du Boulevard de Tournai installées sur le territoire d’Hellemmes. L’expulsion a été ordonnées à la demande du Conseil Général, propriétaire du terrain sous prétexte qu’elles sont installées dans un triangle de visibilité, et pour des raisons de « salubrité » non développées
On se souvient que l’expulsion de la Friche, prés de de l’école d’architecture de Villeneuve d’Ascq avait eu lieu à quelques jours de l’inauguration du Grand Stade proche. Cette expulsion-ci se déroule à quelques jours d’événements «  culturels » vitaux pour la viabilité économique du Grand Stade, dont le sort pèsera dans le bilan de la Communauté urbaine sortante en 2014.
Au delà du constat désabusé cynisme habituel des politiques et des institutions étatiques, nous nous préoccupons du sort des familles parmi lesquelles nous comptons des amis.
L’une d’elle, celle de Funica et Claudia figurait parmi celles qui se sont montrées les plus coopératives dans les réalisations des étudiants en architecture sur la Friche : construction de chalet, potager communautaire… Cette famille comprenait au moment de l’expulsion un bébé d’un an Moïse, un garçon d’une dizaine d’année, Sorin, un fils ainé de 17 ans et sa compagne. Ayant tout perdu du fait de la violence et du mépris manifesté par les forces commandées par le préfet, hébergés en urgence à la Mres par l’Atelier solidaire, ils ont été ensuite accueillis sous tente par les « rashaïs »(prêtres) Arthur et Gonzague, autour de l’église Dame des Victoires à Lille, construite par un patron du textile pour célébrer les massacres de 14-18.
Installée à l’entrée du campement, cette famille a joué le rôle de « balibash » (sage, arbitre) et distribué scrupuleusement la nourriture aux autres familles. La tente de Claudia était également le lieu d’accueil des bénévoles et curieux. Son café et sa sérénité souriante ont été souvent notre remède contre le découragement. C’est à la convivialité et à la patience de Funica que certains d’entre nous doivent quelques notions de roumain de de romani. Après l’expulsion de l’église, la famille est venue s’installer bd de Tournai, où leur cabane, est devenue, à son tour, pour nous, un lieu d’accueil, de solidarité, et … de fous-rires .
La second famille a d’abord erré quelques jours après l’expulsion de la Friche. Puis elle a trouvé à s’installer dans une ferme de Prémesques, expropriée pour la construction du projet mégalo Horseland. Elle avait obtenu l’accord du propriétaire. Rodica, son mari frère de Funica, les enfants adultes de celui-ci et leurs conjoint-e-s (dont Bobby qui a servi souvent d’interprête français-anglais-roumain), les jeunes enfants et petits-enfants n’avaient pas de problème de voisinage, bénéficiant au contraire de la solidarité des villageois. Un groupe de nervis fascistes, qui se réunit à la Maison flamande de Lambersart a tenté d’organiser un coup de force pour purifier nos campagnes et abreuver nos sillons. Le jour dit, le CCPL59, quelques individus et le directeur de l’Areas étaient présents pour éviter le pogrom annoncé. Mais le propriétaire pour éviter une mauvaise publicité a obtenu une expulsion au tribunal.
On voit dans cette histoire que capitalistes, appareil répressif d’État et fascistes, convergent comme dans toute période de crise, pour persécuter les dominés. Dans les discours des uns et des autres revient avec une régularité inquiétante le terme de « salubrité » renvoyant à une idéologie et une période assumées par les uns et reniées par les autres.
La famille est alors venue d’installer Boulevard de Tournai, se rapprochant de parents. Elle est très active dans le recyclage de métaux, organisant des coopérations avec les membres d’autres familles. L’éloigner de la métropole lilloise serait la priver de toute possibilité de subsistance.
Les précaires du collectif de chômeur-ses précaires de Lille, dont je fais partie,   ne soutiennent pas les Roms, ne sont pas solidaires avec eux. Locuteurs roumains ou français,nous sommes tous des précaires vivant à Lille. Nous vivons notre misère au sein de l’opulence. Nous connaissons la malnutrition au cœur de la satiété. Nous n’avons le choix qu’entre un logement illégal ou la semi-détention dans un centre de redressement social. Nous payons notre pauvreté d’un contrôle social inquisiteur. On nous reproche de profiter d’une société qui nous interdit l’accès au travail et au logement. Nous Roms, français, musulmans, blacks, transsexuels, sans papier. Précaires
Les Roms sont une petite fraction, visible , des millions de personnes qui vivent en dessous des seuils de pauvreté dans un pays qui ne cesse d’accumuler les richesses depuis 1945. Ils sont la preuve, visible, que le capitalisme, même régulé n’est pas une solution mais un problème, que le libéralisme ne libère que les prédateurs financiers, que la démocratie n’est qu’un mot lorqu’elle n’est pas sociale.
La seule solution réside dans la répartition des richesse. Les mouvements de chômeurs revendiquent un revenu minimal d’existence inconditionnel équivalent à deux tiers du Smic. C’est un début. Il permettrait aux travailleurs de plus souvent se libérer d’un travail aliénant et à tous de gagner un peu d’espérance de vie et à se refaire des forces pour les combats futurs.
La colère monte. Le pouvoir et les ligues fait tout ce qu’il peut pour la détourner vers les plus dominés. Mais nous sommes de plus en plus nombreux à savoir qui sont les voleurs, les tricheurs les menteurs.,

#Lille #Clément Marche Blanche sous un climat orageur

Les deux manifestations qui vont se dérouler dans quelques heures à Lille  seront sans doute sous forte protection policière. Sinon M. Valls aura des comptes à rendre. Dans le climat lourd et orageux qui pèse sur ma ville et sur mes camarades on peut craindre le pire. La mort de Clément Méric a profondément frappé ceux qui partagent ses convictions antifascistes, pro mariage pour tous, solidaires. Y compris ceux qui se font une gloriole facile dans les milieux activistes en prétendant combattre les fachos tous les matins. Comme dans les « Garçons de la rue Paul » vieux roman prolétarien, la mort réelle d’une personne réelle choque ceux qui jouent à la guerre.

Ceux là, invités par Sud Etudiant_e_s Lille ont quelque peu pollué la réunion de préparation de la marche Blanche de ce soir, 18 h 30 place de la République en hommage à Clément. Antifas déclarés et « autonomes » non assumés, ont prédit du sang et l’ont implicitement souhaité. C’est bien sûr complètement irresponsable.  ces groupes rassemblent en tout une dizaine de personne sur le Nord. Mais comme ils viennent tous au réunion, quand les grosses orga envoient un ou deux mandatés, ils parviennent à donner l’illusion de la majorité.

Ils refusent le vote, bien entendu qui poserait le problème de la représentativité de personnes qui se présentent toutes comme des « individus » et ânonnent  toutes le même catéchisme appeliste ( l’équivalent actuel des situs version étudiants en lettre première année.)  Le plus sordides restent ces « antifas » qui portent du Fred Perry ( la marque des skinheads » ) et qui parlant des boneheads ( les skinheads nazis) disent  » les copains, on les connait, ça va les exciter » . Nourris de Signe de piste et vieux récits de guerre de la collection Gerfaut, ils prennent des poses de matamores pour dire que Clément sera vengé. En réalité on connait , c’est publié sur le net, l’identité, le lieu de travail, la ville de résidence de tous les boneheads lillois. Si on veut leur taper dessus, c’est facile.

Bien sur ces jeunes gens trouvent que le premier mai est une « promenade apéritive »  ( on est dans le même département que Fourmies !) et que « les manifs ne sont pas pour les enfants et les vieillards ».  Ils refusent les services d’ordre, parce qu’ils ont été souvent calmés par les sans papiers ou les gars de la CGT !

la manif blanche se déroulera donc sans service d’ordre coordonné. Chaque orga devra protéger les siens ( sans drapeau ni signe distinctif ça va être dur. )

Je suggère à tous ceux qui se sentent en capacité et en volonté de protéger des faibles contre une attaque de fafs, ou une charge policière, mettent ce soir un gilet de sécurité ou retourne leur blouson pour qu’il soit orange !

La marche blanche se disperse à 20 h. A deux pas, à 21 h des veilleurs se rassemblent ce sont des intégristes, des réactionnaires, des conservateurs catholiques, qui prient contre le mariage gay, protégés par des étudiants costauds et quelques JNR venus depuis l’organisation de manifs contre veilleurs.

Le collectif antifasciste de Lille qui appelle à la marche blanche, n’appelle pas à la manifs contre les veilleurs. Chacun pourra , en conscience aller ou non insulter des tarés qui manifestent illégalement sur la voie publique. Ou pas.

( le dernier mot du titre était une faute de frappe, ou un lapsus, je laisse.)

 

Collectif solidarité roms le 11/6 à 18 h

Bonjour à tous
La prochaine réunion du Collectif aura lieu mardi 11/6  à 18 heures à la MRES

L’actualité ne manque pas et nous n’épuiseront certainement pas l’ordre du jour à bâtir en début de réunion

Quelques pistes pas forcement ordonnées
Les incidents d’Hellemes, la marche annoncé par le CSP59.
Le flou du P4 de Villeneuve d’Ascq : une évacuation, un relogement partiel sur un lieu déjà plein ?
La réflexion de Bertrand sur le fonctionnement.
Organisation des listes et modérations.
Financement 2012-2013 et perspectives 2014 réunion en région du lundi 9 et relations avec le Pas de Calais.
……..
Bonne soirée à tous
A demain pour ceux qui le souhaitent et le peuvent (Les autres peuvent envoyer une contribution à contact@collectifromslille.org

Claude Wauquier

Un message de convocation à la réunion mensuelle du Collectif de solidarité Roms et Gens du Voyage-Lille métropole

Photos des rassemblements d’hommage à Clément Méric d’hier à Valenciennes et Calais

Les hommes à Têtes carrées noires sont pas contents

Lutte en nord

Valenciennes (à l’appel de Solidaires et de l’Action Antifasciste NP2C)

Un hommage a été rendu à Clément par des antifas et des syndicalistes de
Valenciennes et sa banlieue. Une mise au point à été faite sur la situation locale,
avec la présence (comme à Lille avec Tribann) d’un magasin (Sixties) qui accueille
et vend des armes à des néonazis. Il a été rappelé le contexte nauséabond de ce
drame ainsi que l’hypocrisie du gouvernement. En effet, l’interdiction des JNR ne
changera rien, surtout si le pouvoir en place continu sur la lancé de l´ancien avec
la stigmatisation des roms et des sans-papiers. Il suffit de voir ce qui s’est passé
à Hellemmes avec l’attaque au cocktail molotov d’une famille Rroms dans la nuit du 8
au 9 juin ou bien avec l’attaque d´un bar gay de Lille par des JNR.

Rassemblement Valenciennes

Calais (à l’appel de l’Action Antifasciste NP2C)

Calais Clémént Méric

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Mardi à Lille : marche blanche en hommage à Clément Méric

Lutte en nord

Manifestation  à Paris pour Clément Méric

Clément Méric, 19ans, s’est fait assassiné ce mercredi 5 juin 2013 à Paris par des néo-nazis.

Les discours incessants du gouvernement sur l’insécurité et l’immigration n’ont fait que raviver la flamme des réactionnaires qui sur Paris et ailleurs ressortent leurs affiches, leurs paroles décomplexées et leurs attaques contre ceux qui les dérangent : homosexuels, sans papiers, militants de gauche et antifasciste.

Pour ne pas leur laisser la place, nous appelons à une marche blanche ce mardi 11 juin 2013 de la place de la république à la Grand place. Nous appelons les gens touchés par ce drame et concernés par l’antifascisme à nous rejoindre.

Par respect pour les convictions de Clément, et pour la personne qu’il était, nous vous demandons de venir sans drapeau ni signe d’appartenance à une quelconque organisation.

Rendez-vous mardi 11 juin 2013 place de la République à 18h30 (Lille).

Merci à vous,

No pasarán !

Sud…

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L’Action Antifasciste présente contre Génération Identitaire hier dans le Bruaysis

Lutte en nord

BRUAY ANTIFA

Après le Front Populaire Solidariste, (on attend d’ailleurs toujours l’ouverture de leur local…) c’est au tour de Génération Identitaire et de son fascisme camouflé ou en tous cas non assumé de tenter leur chance de s’implanter sur le Bruaysis / Béthunois.

En effet nous avons eu vent que ceux-ci se réunissaient autour d’un barbecue ce samedi 8 juin, sur le terrain d’un particulier au 90 rue Léon Blum à Haillicourt afin de fêter la création d’une section sur le Bruaysis / Béthunois.
Une vingtaine d’antifascistes du Bruaysis réagissent et décident d’aller leur montrer qu’ils n’étaient pas les bienvenus sur le secteur.
Après quelques repérages, nous voyons qu’il sera difficile de faire sortir la trentaine d’individus de leur terrain. C’est donc à base de jets de pétards et autres cris qu’ils se rendent compte de notre présence. Afin de ne pas troubler le voisinage de ce quartier très calme, nous décidons…

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Pour Clément : La rage au cœur, ne jamais oublier, ne jamais pardonner

Lutte en nord

Clément

Mercredi 5 juin. Peu de jours ont passé et pourtant ils nous semblent une éternité : depuis la mort de Clément, nous sommes pris-es dans une effervescence qu’il est dur de maîtriser. Rien, sans doute, peut-être pas même les années et l’expérience que nous n’avons pas, ne peut préparer quiconque à enterrer un ami et camarade. Si le temps de recueillement et de deuil dont nous avons besoin ne nous est pas accordé, c’est que le meurtre de Clément est un meurtre politique. En tant que tel, il appelle une réponse politique. Ce monde ne s’arrête pas par égard pour nos larmes ; par respect pour Clément, pour ses luttes, nous ne pouvons pas baisser les bras, aujourd’hui moins que jamais. Il nous faut relever la tête, transformer notre douleur en colère, et notre rage, en force. Ce sont tout à la fois cette irrépressible douleur, cette irrépressible colère, rage…

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Lille : Expulsion des #Roms de Churchill Où sont Ils ?

La plupart des roms De Churchill ( 15 familles) sont en Campanile à Valenciennes Arthur y est allé pour leur amener à manger .
Des familles dispersée à Marquise, Calais, et deux autres lieux dans le 62. Le dircab du préfet s’est engagé à nous envoyer la liste des lieux d’hébergement provisoires. Il s’agit de Chrs et lieu du même genre, sans possibilité de cuisiner et des horaires restrictifs.
Toutes les familles ont reçu une OQTF les jours précédents, ce qui est problématique puisque elles sont sous surveillance dans les CHRS. Arthur va tenter de les faire prévenir qu’ils doivent signifier par écrit ( par leur signature) leur volonté de rester en France.
Le Collectif Solidarité Roms n’est pas en mesure d’émettre un communiqué commun. La LDH a émits un communiqué, comparant Manuel Valls ( et Non Hollande !) à Sarkozy ATD-QM LiIle a décidé de demander à rencontrer Martine Aubry pour lui faire part de son indignation. L’association  envoie ce soir une proposition de courrier à MMe la maire que chaque association pourra amender et signer ou pas.
Une personne est venue à la réunion signaler le cas d’une famille du camps de la porte d’Arras à Lille (500 à 600 personnes à l’origine.) Le préfet à fait déménager une partie des familles pour libérer une partie du terrain, ou Décathlon doit construire/  Obligée de quitter le camp par le manque de place, elle s’est installée dans un petit bois où vivent des toxicomanes. Deux parents 30 ans et trois fillettes, qui sont en grand danger.
Rappel rencontre des assos avec l’émissaire du préfet Joly le 11
réunion le 18 MRES 18 h
( compte rendu d’une réunion d’urgence organisé par le Collectif de solidarité Roms et gens du Voyage- Lille métropole)
l’article du Monde.fr

archives : 21/1/2007 L’annonce du Louvre Lens

Lens : Louvre ou Louvre pas ?/N°0/ Arts Plastiques

 

  “Quelle bonne nouvelle pour la région » L’annonce de la future ouverture d’une annexe du Louvre à Lens n’a suscité que des commentaires enthousiastes, dans la presse régionale et nationale. Pourtant, on peut se poser certaines questions sur ce projet

 

Rappelons de quoi il s’agit. Début 2OO9, doit ouvrir ce nouveau musée, conçu par l’agence japonaise Sanaa. 3000 m2 seront consacrés à des « présentations renouvelées » (en quelque sort, une exposition permanente qui changera tous les trois ans). Là seront présentées des œuvres issues des huit départements du Louvre (peinture, sculpture, antiquités grecques et romaines, égyptiennes et orientales, objets d’arts, arts graphiques et art de l’Islam). Ces divisions traditionnelles seront dynamitées pour pouvoir, par exemple donner une vision globale de l’art de la Renaissance, ou du baroque. Par ailleurs sur  2000 m2, seront organisées des expositions temporaires qui feront également appel à des prêts à d’autres musées. Elisabeth Delahaye-Taburet, conservateur au Musée du Louvre, chargée de mener à bien le projet,  a donné quelques éclaircissement, dans la Voix du Nord : « Les collections du Louvre, c’est le noyau. L’objectif, c’est de créer un autre Louvre, c’est-à-dire de favoriser des ensembles transversaux, pluridisciplinaires, accessibles à tous publics… On n’est plus dans des cloisonnements géographiques ou historiques. C’est une autre vision !  On a évoqué des thèmes déjà traités ailleurs : la figure humaine, l’animal dans l’art ou les images du divin… Mais ce ne sont que des exemples. Nous allons développer une vision nouvelle de nos collections, tous départements confondus »

 

Pourquoi Lens ?

Cinq villes de la région étaient en concurrence : Valenciennes, Calais, Boulogne, Arras, et Amiens. Il est clair que le poids politique du président du Conseil régional, Daniel Percheron, chef occulte du PS du Pas-de-Calais depuis vingt ans, a joué. Ce dernier est à l’origine un élu de Liévin, une ville proche de Lens. D’autre part, Lens était la seule ville dépourvue de Musée et cela correspondait à la volonté exprimée par le Louvre de contribuer à la «démocratisation culturelle.» L’idée est de permettre à des populations, considérées comme culturellement défavorisées, d’entrer en contact avec des chefs d’œuvre, et grâce au choc esthétique espéré de s’ouvrir à la culture et la beauté.

 

Quelles œuvres pourra-t-on voir ?

 

C’est étonnant, mais les élus ont dû se déterminer sans savoir ce que contiendra ce musée « d’art et d’essai » Il s’agira d’un mélange de « chefs d’œuvres reconnus et de découvertes » issus du musée du Louvre. Cekui-ci ne peut pas à l’infini se séparer d’œuvres importantes. Déjà en 2005 le musée avait prété 1500 œuvres à travers le monde. L’envoi  de 150 peintures importantes (Raphael, Murillo, Poussin…) au musée d’Atlanta, en échange d’un don de 13 millions d’euros suscite déjà une certaine polémique. On peut donc penser que les «découvertes.» comprendre les œuvres mineures, seront les plus nombreuses. Elles seront en partie issues des mythiques réserves du Louvre : 265 000 œuvres, soit sept fois plus que ce qui est exposé. Recèlent-elles des oeuvres intéressantes, comme le veut la légende, et dans ce cas, pourquoi le Louvre ne les exposent-il pas ? Difficile de le savoir, puisque qu’aucun critique n’a été autorisé à visiter ce « trésor ». Les déclarations d’Aline Sylla, chargée du développement culturel, dans Télérama ne sont pas rassurantes :  « Ce n’est pas la caverne d’Ali Baba,. On n’y cache pas trois Léonard de Vinci et quatre Ingres. Les réserves renferment essentiellement des œuvres mineures ou d’un intérêt purement scientifique, comme des milliers de tablettes cunéiformes à destination des archéologues. » Le paradoxe, à Lens, serait d’orienter vers des œuvres mineures un public attiré par la marque «Le Louvre», alors que les musées de la région contiennent beaucoup d’œuvres importantes.

  

Combien ça va coûter ?

 

L’investissement est évalué à 117 millions d’euros dont 20 % apportés par l’Union européenne le reste étant à la charge des collectivités territoriales ( 60 % Région, 10 % Département, 10 % commune et communauté d’agglomération). Selon la même répartition, les collectivités locales financeront le fonctionnement du musée, soit 12 millions d’Euros. Les 20 % restant seront apportés par l’auto-finacement, grâce aux 500 000 visiteurs annuels attendus.

C’est cet aspect financier qui a causé un débat au sein de la majorité du Conseil régional. Les communistes se sont inquiétés de voir le budget culture amputé de 6 millions d’euros en 2005 en prévision du financement du musée.. Ils ont obtenu 3 millions de crédits compensatoires, pour un total de 47 millions d’euros. .. En 2006, le budget culture du Conseil régional (hors Louvre Lens)a été relevé à 53 Millions. mais il  a diminué de 3 % par rapport à 2003 alors que les dépenses globales ont augmenté de 25 %

 

Il est encore difficile de mesurer les effets de ces restrictions sur les structures culturelles de la région, puisque celles-ci reçoivent en général leurs subventions 2006 à la fin de l’année. On peut déjà se poser la question de la manière dont la région assurera le fonctionnement du Louvre Lens, pour 6 millions annuels. Cette somme sera-t-elle prise sur le budget de la Culture, diminuant d’autant les subventions aux structures existantes ?

  

La région avait-elle besoin de ce musée ?

On peut se poser la question. Le musée de Lille est déjà considéré comme le premier de province. Arras, Calais, Dunkerque, Douai… les lieux ne manquent pas, où sont exposées de la peinture « classique ». Le XXème siécle est présent à Villeneuve d’ascq, au Cateau, à Dunkerque. La région manque plutôt de lieux d’exposition et de création d’art contemporain. De nombreuses association oeuvrent dans ce domaine (A voir, Artconnexion, Le Bar,  Cent lieux d’art, l’H du siége…) mais la plupart, malgré des coûts de fonctionnement minimes), sont fragiles financièrement. Il ne coûterait pas très cher à la Région de les rendre plus solides et de leur permettre de multiplier leurs actions. On peut aussi rêver d’un lieu d’exposition emblématique, qui permettent de donner une visibilité aux artistes vivant dans la région. 

 

Le Louvre devient-il une entreprise comme les autres ?

 

Le procédé qui va faire naître le Louvre Lens ressemble beaucoup à celui de la franchise. On sait de quoi il s’agit : une enseigne commerciale cède sa marque, son savoir-faire et ses produits à un commerçant indépendant qui doit, lui, financer la création de la boutique et prendre le risque commercial. Ce procédé a déjà été utilisé par le Guggenheim, suivi par l’Ermitage et le musée de Boston. En 2005, La prestigieuse revue  anglaise Burlington Magazine s’est étonné de voir le gouvernement français participer à ce «cirque mondial », d’autant que l’un des principaux mécènes du Guggenheim venait de démissionner pour protester contre cette politique « d’ingénierie culturelle » qui se développe, selon lui, au détriment des missions artistiques et scientifiques du musée.”Nos musées ne sont pas à vendre” proclamait en décembre dernier une tribune du Monde.

Cette nouvelle politique du Louvre s’explique par de nouvelles règles du jeu établies depuis 2003.  M. Aillagon, ministre de la Culture surtout connu pour sa réforme du régime des intermittents, a alors accordé l’autonomie financière à plusieurs grands musées nationaux, dont le Louvre. Auparavant  les revenus propres générés par ces institutions étaient gérés par à la DMF (Direction des musées de France) qui reversait cette manne aux différents musées nationaux en fonction de leurs besoins. Désormais le Louvre peut gérer à sa guise les revenus des entrées et du mécénat. C’est ce qui explique la multiplication des expositions temporaires, toutes financées par de grandes entreprises, les opérations financières comme les prêts d’Atlanta, ou la suppression de la gratuité des entrées pour les enseignants. Entreprise culturelle, le Louvre est condamné à se développer : d’où l’ouverture de Lens. Ce virage libéral s’est fait dans une certaine discrétion. . Il a son théoricien, en la personne de Jean-Michel Tobelem, docteur en gestion, pour qui les musées sont «des organisations culturelles de marché» destinées à s’autofinancer. Le Louvre en est loin, les subventions de l’Etat représentent encore plus de 65 % de ses revenus. Mais la création du Louvre-Lens marque-t-elle une nouvelle étape vers le libéralisme économique et la mondialisation ?